Reto Julian Kai Wolf
19 ANS - AUTRICHIEN - EN COUPLE - LYCÉEN AU GYMNASIUM - HETERO - MARGINAL

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Histoire :

« Natalia et Silke regardent le Soleil, oh, il brûle les yeux, on ne peut pas le regarder en face, il est trop lumineux. Natalia et Silke regardent la forêt, oh, elle embrouille les yeux, on ne peut pas regarder à travers elle, elle est trop sombre. Natalia et Silke regardent la Terre, cette infinité d'âmes, ces forêts noires surplombées par un soleil d'or, ses vies infinies sous un géant immobile. Écrire, c'est un besoin vital, c'est un combat contre mon handicap. Écrire, c'est une manière de communiquer facile, que tout le monde comprend. Quand j'écris, ce sont des mots qui s'enchaînent les uns les autres et forment des phrases, des touts qui veulent parfois dire quelque chose, parfois non. Je crois en mon talent comme je crois en mon existence. Ce n'est pas une question de gloire, d'argent, de reconnaissance. J'ai juste besoin d'exprimer ce que je pense. Privé de la parole, je me raccroche à mes dernières illusions. »

Ça fait déjà un an que j'ai perdu la parole. La pire année de ma vie.
En cours, ce n'est jamais facile. Je ne maîtrise pas le langage des signes, c'est trop dur, je m'embrouille. Je ne prends pas de vrais cours, c'est ma mère qui m'apprend. Mais elle n'est pas douée, elle ne connaît à peine que quelques mots, pas suffisant pour tenir une conversation. Je suis enfermé dans un silence dont je ne peux m'extraire. A la rentrée, c'était terrible. Le regard des autres élèves est terriblement lourd à supporter. Certains croient que je suis sourd, et ils ne prennent même pas la peine de chuchoter lorsqu'ils parlent de moi dans mon dos. J'aimerais leur dire que je les entends, mais à part l'écrire, que faire ? je ne me balade pas avec un calepin et un stylo sur moi, pourtant. Je devrais peut-être, mais c'est trop humiliant. Imaginez, est-ce que vous aimeriez ne pouvoir communiquer qu'en griffonnant quelques mots sur un bout de papier ? Moi, c'est au dessus de mes forces. Certains de mes profs ignoraient tout de mon accident. Ils me posaient une question à laquelle je ne pouvais répondre. Paniqué, j'essayais de leur faire comprendre par les gestes, mais sans les mots, ils ne comprenaient pas. Ça aussi, c'était humiliant. Par chance, maintenant, on ne me demande plus rien. J'ai un suivi un peu personnalisé, certes, mais ce n'est pas comme si j'étais sourd. Mes parents tiennent à ce que je suive un cursus normal et que je reste dans mon lycée. D'un côté, je ne leur en veux pas. Je n'ai pas envie d'être catalogué dans les handicapés juste parce que je ne peux plus parler. Oui, c'en est un pourtant, le défaut de communication, vous ne pouvez pas concevoir à quel point c'est dur de s'en retrouver privé du jour au lendemain... Un accident, voilà ce que c'était. Cordes vocales touchées gravement, il a fallu les retirer. De toute façon, je n'avais déjà plus d'espoir de reparler.
Le jour de mon agression, pendant les vacances d'été, j'étais allé rendre visite à ma tante en Autriche. Mes parents ont déménagé quand j'avais six ans à Berlin, parce que ma mère y avait été mutée. C'était une opportunité, un salaire plus grand, un logement confortable, une éducation de qualité pour les enfants, toujours meilleure que dans notre petit village. C'était laisser notre famille, par contre, le plus douloureux. Ce jour-là donc, j'étais à Steyr, une ville située à plusieurs dizaines de kilomètres du village. Mes parents étaient allés faire un tour dans les boutiques, ce qui ne m'intéressait pas tellement. J'avais préféré visiter un musée, je ne sais plus son nom, mais cela n'a pas d'importance. Je sais, dis comme ça, j'ai l'air d'un extraterrestre doublé d'un intello. En fait, c'était surtout pour passer un peu de temps avec ma cousine, Alena, qui était apparemment fascinée par le thème du musée. Mais aucune importance. Quand nous sommes sortis, nous nous sommes séparés : Alena voulait se promener dans le quartier, alors que je devais déjà aller retrouver mes parents. C'est donc seul que j'ai été les rejoindre. Pauvre fou... Je ne sais pas ce qui les a attiré. Peut-être parce que j'avais pris la peine de bien m'habiller pour ne pas faire honte à ma cousine ? Parce j'avais l'air étranger, moi qui étais pourtant Autrichien ? ou parce que j'étais tout simplement seul et jeune ? En tout cas, ils me sont tombés dessus. Au départ, ils en voulaient surtout à mon argent. J'aurais vraiment dû le leur donner, ça se serait arrêté là. Au lieu de cela, j'ai résisté, refusé de leur tendre mon portefeuille. Sauf qu'il commençait à faire sombre, et que le lieu n'était pas fréquenté - ne prenez jamais de raccourcis douteux, conseil d'ami - donc, ils n'ont pas hésité à me donner un coup de couteau dans la gorge. Ah, ça, mon argent, ils l'ont pris, ainsi que mon portable et mon baladeur. Ils ont failli aussi prendre ma vie ; par chance, j'ai été vite repéré par un passant qui m'a transféré à l'hôpital. J'ai survécu, mais sans cordes vocales. Muet, j'avais du mal à expliquer ce qui s'était passé. On n'a jamais retrouvé les voleurs, tout comme je n'ai jamais retrouvé ma voix.

« C'est pas juste une passion. C'est de l'expression à l'état pur. C'est le langage du corps, le langage de ce qui ne se dit pas avec les mots. C'est ma dernière chance d'être quelqu'un de normal. Un danseur parmi les autres. »
Je pratique la danse depuis l'âge six ans, en fait, depuis qu'on a déménagé à Berlin. Je sais, ce n'est pas un sport très masculin, c'est pour cela qu'à côté, j'ai aussi pratiqué de la lutte pendant cinq ans avant de m'arrêter par manque de temps. Oui, un danseur-lutteur. En fait, j'ai toujours trouvé dans cette alliance un équilibre, tant sur le plan mental que dans la pratique de ses deux disciplines. A la base, c'est surtout pour cela que je passais pour un marginal. On disait de moi que j'étais hermaphrodite, que j'étais à moitié fille dans ma tête. Bien sûr, c'est pour ça qu'il y a des danseurs professionnels... mais j'ai toujours ignoré ces remarques.
Ma marginalité a considérablement augmenté depuis que je suis muet. Un danseur incapable de parler, qui ne fait plus attention à s'habiller correctement, qui ne fréquente pas trop les autres parce qu'il ne peut pas communiquer, qui est intéressé par ses cours de littérature allemande... bref, ma réputation n'a fait que baisser en flèche au cours des années. Si j'en souffre... ? ouais, bien sûr. Ce qui me fait le plus mal, c'est qu'on en revient surtout à cette fichue histoire de voix.

Antje et moi, on sort ensemble depuis un an et demi. C'est une brave fille, Antje. Je sais qu'elle vit mal ma perte de voix, parce qu'elle ne peut plus échanger correctement avec moi. Elle est bavarde, pourtant, normal, c'est le stéréotype même de la fille pipelette ; elle n'arrête jamais de parler ; avec moi par contre, elle se sent gênée parce que je suis réduit à ne pouvoir que l'écouter sans lui répondre - avec les autres, ça ne la dérange pourtant pas, et puis, elle s'y fait. Antje à première vue semble être mon contraire : c'est une jolie brune intelligente, bonne élève, plutôt populaire, et qui au fond ne se démarque pas tellement des autres. Qu'est-ce qui a pu l'attirer chez moi ? Est-ce qu'elle voulait s'affirmer, prouver qu'elle pouvait aussi sortir des sentiers battus en me choisissant ? Et moi, est-ce que j'y ai vu une manière de rester connecté au monde extérieur ? ... je sais, vu sous cet angle, c'est tout sauf romantique. Mais ce n'est pas tellement dans mon habitude de l'être, et je n'ai pas besoin de cela pour lui prouver que je l'aime. Ce qui nous rapproche le plus, c'est peut-être le fait qu'Antje est une lutteuse. Même si j'ai arrêté ce sport, je garde toujours une affection pour lui. Même si ce n'est pas - n'était pas - notre unique sujet de conversation.

Ma mère est enceinte. Sheiße.
Sérieusement, vous en connaissez beaucoup, des mères qui décident d'avoir leur second enfant à l'aube de la cinquantaine ? Moi oui, à présent. Je me demande ce qui lui est passé par la tête... et puis non, je sais bien que c'est à cause de moi, qu'elle a l'impression de m'avoir raté. Désolé, maman. Est-ce qu'elle pense seulement que ce sera une grossesse difficile ? Que mon futur frère ou ma future sœur peuvent avoir des problèmes de santé à cause de son âge tardif... ? Non, ce n'est pas que je veux rester enfant unique, au contraire, me l'aurait-on annoncé quand j'étais petit que j'aurais explosé de joie. Mais plus maintenant. J'ai dix-neuf ans, je suis muet et j'éprouve quelques difficultés scolaires - je redouble cette année, parce qu'avec mon accident, mes résultats scolaires ont été en chute libre. Pourquoi mes parents veulent m'infliger cela maintenant, pourquoi ? Comment puis-je compter sur leur soutien si un nourrisson accapare leur attention... ?

Je suis Reto Wolf. Je suis autrichien, mais j'habite à Berlin. Je suis muet, j'aime écrire, la danse et la lutte. Je vais avoir un petit frère ou une petite sœur.
Qui peut me dire que la vie est encore belle ?

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Goûts :

Film : les vieux films de Lang, les films d'aventure, action.
Ville : Berlin, Copenhague, Prague. Déteste Steyr.
Liquide : Eau-grenadine, soda.
Saison : Printemps.
Hobbies : Danse, littérature allemande, écriture, jeux vidéos. A arrêté la lutte.
Groupes : Aime tout sauf le rap et autres musiques urbaines. Préfère la musique allemande.
Magazines : Quelques magasines allemands pas trop connus.
Sport : Danse, lutte.
Objet fétiche : Son stylo, seul moyen d'expression.
Pêché mignon : Florentins.
Fantasme : Retrouver la voix ? ...
Cigarettes : A arrêté de fumer.
Matière préférée : Histoire.
Littérature : Allemande essentiellement, aime aussi l'historique, le fantastique, la sf et la fantasy.
Couleur préférée : Brun.